Bio
Marie Cécile Defline est peintre, diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1975.
Née à Wissant (Pas-de-Calais) en 1939, elle vit et travaille à Paris.
Après l’occupation de Wissant et son territoire immédiat par les Allemands en 1939, une ligne de défense (blockhaus, fortins, murs anti-char) y est construite sur près de 20 km, le « Mur de l’Atlantique ». La maison des Defline y est incorporée.
Fortement marquée par ce paysage, Marie Cécile Defline démarre, dès 1970, un travail du regard sur ces blockhaus et leur inscription dans le paysage. Au moyen de photos, dessins, aquarelles, elle analyse, traque et détaille sans relâche la problématique des éléments de la nature et de son usage par l’homme : polysémie du travail et joie de la lumière.
Dans la lumière de Wissant
par Marie Cécile Defline
« Depuis cinq décennies, mon travail artistique suit une ligne constante. Mon medium principal est la peinture. Mon sujet : les blockhaus de Wissant et le paysage dans lequel ils sont insérés. Le lieu : les plages de la Baie de Wissant. La temporalité : une observation chaque année exactement à la même période, au mois de juillet. Mon choix de sujet vient de ma fascination pour la lumière de Wissant et pour les blockhaus emblématiques du Mur de l’Atlantique, vestiges de la guerre de 1939-1945.
Leur charge symbolique, émotionnelle et métaphysique très forte imprègne tout le paysage dans lequel ils ont été construits. Cette charge n’a eu de cesse de m’inspirer, même lors de la destruction progressive des blockhaus par les éléments naturels (vent, marées, tempêtes, sable), ou des bouleversements divers liés aux questions environnementales actuelles (tourisme, pollution…), dont ma peinture se fait aujourd’hui l’écho. »
« Lorsque j’ai commencé en 1970, fascinée par la lumière magnifique de la plage de Wissant et les blockhaus emblématiques du Mur de l’Atlantique, j’étais loin d’imaginer les transformations futures de ce lieu tant aimé et la tournure que prendrait un jour mon travail de peintre.
Durant cinq décennies, je scrute inlassablement cette portion du littoral, entre Cap Blanc-Nez et Cap Gris-Nez, et la dégradation du paysage se reflète peu à peu dans mon travail, avec la disparition progressive des blockhaus, l’apparition de déchets, d’épaves, la transformation des dunes… Aujourd’hui, mes toiles font écho aux questions environnementales majeures du 21e siècle : pollution, montée des eaux, appauvrissement du milieu naturel, tourisme de masse. Après des années d’exploration artistique solitaire et atypique, les préoccupations de mon époque rattrapent les miennes, et je suis aujourd’hui de mon temps. »
Le regard de François Grether
Architecte urbaniste, Paris
« La même plage déserte, découverte par fragments, est, dans la durée, confrontée à la ruine des fortifications. Cette situation, sans cesse observe, interrogée, interprétée, c’est le travail de Marie Cécile Defline. Cette quête constante, attachée à un milieu particulier et localisé, révèle une démarche essentielle, bien au-delà de Wissant.
Les rives, horizons immenses et lisières incertaines entre océan, terre et ciel, comme toutes les limites territoriales, sont les lieux de problématiques permanentes et toujours renouvelées ; celles des définitions réciproques, entre paysage et observateur, entre éléments de nature et établissement humain. Ici le monde est résumé à ses confins. »
Le regard de Jean-Luc Chalumeau
Critique d’art, Paris
« A-t-on encore le droit d’être peintre, sans autre projet que de saisir le paysage à sa portée, « d’ouvrir l’horizon » et de traduire, avec la plus grande économie de moyens et le maximum d’émotion, ces grandes étendues de sable limitées par la mer et la ligne du ciel parsemées de blocs de béton erratiques, énigmatiques ?
Les blocs de béton sont ce qui reste des casemates allemandes du mur de l’Atlantique à Wissant, dans le Pas-de-Calais, que Marie Cecile Defline parcourt sans répit. Ils offrent de superbes contrastes avec les étendues sableuses mêlées d’eau. Defline n’est pas plus impressionniste que réaliste. Elle a choisi un thème et s’y tient, en peintre qui trouve visiblement sa joie de vivre dans l’exercice de la peinture et qui sait la communiquer. On respire avec soulagement cet air frais. « Ici le chaos et la sérénité cohabitent » écrit l’artiste. Juste remarque, et qui vaut pratiquement pour tous les vrais peintres depuis toujours. »
Le regard de Robert Fohr
Historien d’art, Paris
« Wissant : les galets sur la plage, des rangs d’herbes clairsemés qui hérissent le sable, le silence des épaves de béton disloquées de la dernière guerre, le rivage qui avance et recule, et, au-dessus de lui, le ciel immense et changeant, voici l’inventaire de ce que, depuis des années, Marie Cécile Defline scrute à chaque saison, analyse et consigne jour après jour en de très sensibles suites d’aquarelles, pour finalement en faire, sur la toile, l’unique objet de sa peinture. »
Le regard d’Elisabeth Vitou
Historienne d’art, Paris
« Le premier sujet de Marie Cécile Defline est devenu aujourd’hui la peinture. La peinture au plus près de son essence même. On pourra rétorquer qu’un peintre de paysage fait de la peinture sa finalité. Ce n’est pas toujours évident. En revanche, c’est bien cette démarche que l’on sent à l’œuvre dans les dernières toiles de Marie Cécile Defline : elles deviennent de plus en plus abstraites.
Que ce soit parce qu’elle ne reprend qu’une partie d’une étude pour l’agrandir, transformant la partie en tout, devenue autre au passage (peinture, justement), ou bien parce que cette lente maturation personnelle, ayant enfin trouvé sa plénitude, s’accomplit dans l’acte de peindre se suffisant à lui-même.
Si la sécurité a pu être apportée par le choix d’un paysage, aujourd’hui, la force tranquille et joyeuse des grandes toiles provient du geste pictural, sublimant le thème initial. »
La peinture selon Marie-Cécile Defline : une philosophie de la nature
Par Jean-Luc Chalumeau, critique d'art, Paris
Revue Verso N°104, septembre 2017
Marie Cécile Defline est née à Wissant, sur la Côte d’Opale entre les caps Blanc et Gris-Nez, là où les dunes, la mer et le ciel s’interpénètrent à nos yeux de manière particulièrement spectaculaire en raison de l’étendue exceptionnelle des plages de sable. Nous ne sommes qu’à une trentaine de kilomètres de l’Angleterre : rien d’étonnant à ce que les blockhaus du mur de l’Atlantique aient été ici particulièrement massifs et nombreux. Marie Cécile Defline a fait les Beaux-Arts longtemps après la guerre, et elle est devenue peintre alors que, en raison des mouvements du sol travaillé par l’océan, les casemates de béton s’étaient déjà cassées, déchaussées par rapport aux dunes, puis avaient dérivé sur les étendues sableuses toujours mouillées. Il en a résulté un superbe cas de rencontre entre la nature et l’objet fabriqué ( un esthéticien dirait « entre nature et culture ») qui se trouve être la matrice inlassablement reprise par l’artiste, son inépuisable source d’inspiration dont témoigne, parmi d’autres, une de ses plus remarquables œuvres, le Grand blockhaus cassé, un diptyque de 2001 (huile sur toile, 114 x 324 cm).
L’ancien monstre de béton n’est plus qu’un amas de débris au centre de la composition (certains autres tableaux ont pour titre Fracture, renversement). Il s’est incorporé à la nature, il est devenu aux yeux de l’artiste nature lui-même, mais il n’a pas pour autant tout à fait perdu ce qui faisait de lui jadis une menace terrifiante. Chez Defline parcourant les paysages marins qui deviendront tableaux, on doit sans doute comprendre le mot nature en un sens voisin de la Erde de Heidegger : présence massive de ce qui nous fait presque violence, et nous rappelle la nature « immense, impénétrable et fière » chantée par le Faust de Berlioz. Si Marie-Cécile Defline oublie parfois les morceaux de blockhaus, elle peint alors par exemple une splendide variation chromatique qu’elle nomme Orage bleu, hommage à Constable (huile sur toile, 2009). Il pleut sur la mer. Il s’agit de la seule nature, oui, présente mais non pas imitée, car il est d’abord question chez les véritables peintres d’expérience sensible. Ici, c’est l’expérience de la rencontre entre des couleurs diaphanes et d’autres, plombées. Une expérience qu’elle prête avec raison à Constable car, pas plus que ce dernier, elle n’est une simple « paysagiste ». On comprend, en revenant aux traces des constructions guerrières enfouies dans le sable vues par Defline, que l’art réhabilite le sensible précisément en s’éloignant de l’objet. Dans ces épaves dont elle a réalisé toute une série ( Epaves, fer, béton ; pastels à l’huile sur papier, 2015), on discerne le projet implicite de l’artiste qui est de conserver un sens toujours immanent au sensible. Et ce sens est évidemment avant tout dans la forme qui manifeste à la fois sa plénitude et sa nécessité.
De même que John Constable est resté attaché à sa terre de Dedham Vale dans le Suffolk, Marie Cécile Defline est fidèle à ses chères dunes du Pas-de-Calais. Si, comme lui, elle laisse dire qu’elle est une « paysagiste », il faut alors entendre que, comme lui, elle considère que la peinture est « une des branches de la philosophie de la nature ». Cela change tout et explique la profonde originalité de cette artiste contemporaine que l’on évitera de prendre pour qui elle n’est pas.
Expositions personnelles
2019 Ancienne mairie de Wissant
2015 Musée des Arts Populaires, Lavaudieu
2012 Tennis Club de Wissant
2011 Maison de Mandrin, Brioude
2009 L’Ermitage Saint-Vincent, Vieille-Brioude
2008 Galerie Arte Viva, Levallois-Perret
2007 Hôtel du Parc, Hardelot
2005 Galerie Arte Viva, Levallois-Perret
2003 La Tête au carré, Paris
2001 La Bellevilloise, Paris
1999 Galerie Dig’Espace, Wimereux
1997 Galerie CROUS Beaux-Arts, Paris
1995 Galerie Samedi, Montfort-l’Amaury
Crédit Agricole Paris Catalogne, Paris
Université d’histoire, Boulogne-sur-mer
1994 Commémoration du 50e anniversaire du Débarquement, Hôtel Royal, Deauville
1993 Lycée Condorcet, Montreuil
1991 Centre Culturel, Thorigny-sur-Marne
1985 Galerie La Véranda, Paris
1984 Galerie Estienne de Causans, Paris
Expositions collectives
2015 Atelier Wissant, ancienne mairie de Wissant
2016 La Miséricorde, Lille
2011 Peintres à Wissant, Wissant
2009 Biennale de la gravure, Rueil-Malmaison
2006 Galerie Arte Viva, Levallois-Perret
2004 Centre d’art contemporain, Trizay
Galerie Arte Viva, Levallois-Perret
Société Nationale d’Horticulture de France
2001 Galerie Arte Viva, Levallois-Perret
Galerie Samedi, Montfort-L’Amaury
La Maroquinerie, Paris
1996 Première Vision, Villepinte
Week-end d’Art Contemporain, Gometz-le-Chatel
École Nationale des Ponts et Chaussées, Paris
Mairie de Calais
Galerie Peinture Fraîche, Paris
1992 Galerie Confluences, Rambouillet
1991 Biennale Internationale des Éditeurs de Tissus d’Ameublement
1985 Salon de Mai, Paris
1978 Salon International de Toulon et de Paris
Réalités Nouvelles, Paris
Exposition Prix Europe de Peinture, Ostende
1977 Artistes du XVème GASAP, organisé par Pierre Gaudibert, Paris
1976 Novembre à Vitry, Vitry-sur-Seine
1975 Atelier Singier, ENSBA Paris
Salons / participations annuelles
1975-1985 Ateliers à Montparnasse
1990-1997 Ateliers de Ménilmontant, Portes Ouvertes
1993-2004 Salon Grands et Jeunes d’aujourd’hui
1991-2005 Lieux divers d’expositions alternatifs
Interventions lors d’animations pédagogiques
1995 Observatoire du Littoral, Wimeureux
1994 Lycée Condorcet, Montreuil
Commémoration du Débarquement, Deauville
1991 Centre d’animations culturelles le Moustier, Thorigny-sur-Marne
Activités professionnelles et formation
1991-1992 Collaboration technique avec la société Conté (crayons)
1972-1992 Coloriste d’architecture (extérieur/intérieur) pour diverses sociétés immobilières et OPHLM
Travail peintures/dessins/photos/ suivi par le Conservatoire du Littoral.
Sujet : dune d’Aval à Wissant
1979 Groupe de réflexion sur l’espace et l’environnement urbain proche.
Sujet : ensemble immobilier de la Gare Montparnasse et un jardin sur les voies
1975 Diplôme national de l’ENSBA Paris
1973 Entre dans l’atelier Singier, à l’ENSBA Paris
1962-1963 Maquettiste dans l’agence d’architecte de Monsieur Lys, architecte, Lille
1962 Perspectiviste en architecture
Enseigne l’histoire de l’art dans une école privée
1961 Obtention du CAFAS, première partie du diplôme en Arts, Lille
Obtention d’un diplôme d’art médiéval, professeur Georges Gaillard
1957 Baccalauréat de Philosophie, Lille
1939 Naissance à Wissant, Pas-de-Calais